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Retours sur le congrès de l'IFOMPT 2024

Dernière mise à jour : 21 juil.

Du 4 au 6 juillet, plusieurs membres de l’équipe APEX-Msk étaient présents au congrès des 50 ans de l’IFOMPT, à Bâle (Suisse). Nous attendions ce congrès avec impatience après 8 longues années depuis la dernière édition à Glasgow en 2016, attente dû à l'annulation de celui prévu à Melbourn pour cause du Covid.

Ce fut l’occasion d’une assemblée de l’IFOMPT avec un changement de bureau. Laura Finucane (UK) laisse place à Paolo Sanzo (Canada) pour le poste de présidence. Bravo et merci à Laura pour son engagement et son discours très émouvant sur l’inclusivité.

Une autre décision importante : le changement de nom de l'IFOMPT. L'acronyme reste identique pour International Federation of Manual and Musculoskeletal Physical Therapists, en remplacement de International Federtion of Manipulative Physical Therapy. Un nom issu de longues négociations pour un résultat encourageant!



Ce congrès fut aussi une excellente opportunité pour se réunir avec nos ami.e.s cannadien.nes afin de préparer au mieux les premiers cours d'APEX-Msk. Beaucoup d'excitation et de bienveillance, comme à l'habitude.

 




 

De grands noms de la physiothérapie étaient au rendez-vous :

Dr. Clare Ardern, Pr. Peter O’Sullivan, Chad Cook, Annina Schmid, Gwendolen Jull AO ou encore : Guillaume Christe, Julie Fritz, Yannick Toussignant-Laflamme, Alison Grimaldi, Liesbet De Baets, Hannu Luomajoki, Ben Darlow, Martin Rabey, Nathan Hutting, Anita R. Gross, Colette Ridehalgh, ETC !!

 

L’occasion de se mettre à jour sur différentes thématiques du champ musculo-squelettique, avec une orientation plus marquée cette année sur la gestion des affections de la région cranio-vertébrale.

 

Le thème de la programmation scientifique était « crossing bridges », en références aux nombreux ponts qui traversent la ville historique de Bâle, et qui se doivent d'être présents dans la relation thérapeutique avec la personne, les différentes pratiques, l’interprofessionnalité , etc.

 

De nombreuses conférences ont plaidoyé pour une approche patient-centrée, accueillir la personne avec ses expériences sans pour autant s’éloigner de la recherche scientifique au cœur du congrès.

Clare Ardern a notamment rappelé les 11 recommandations issues de cet article de 2019 What does best practice care for musculoskeletal pain look like? Eleven consistent recommendations from high-quality clinical practice guidelines: systematic review

 




« Il est préférable de façonner les représentations, plutôt que de vouloir contrôler les comportements »

 

Lors de sa présentation de recherche « patient expectation in Msk physio », Craig A. Wassinger nous conseille en conclusion de poser simplement la question «est-ce que vous pensez que la kiné va vous aider ? » afin de préciser dès le départ ses attentes (positives ou négatives) et orienter la communication, l'éducation. Son étude confirme que la majorité des résultats d’un traitement est non-spécifique.

 




 

Claude Pichonnaz continu en insistant sur les notions de communication, de l'écoute mutuelle, de la confiance, du support et de la personnalisation du soin. Il rappelle que les attentes de la personne peuvent évoluer au cours du soin.

 

Dans le symposium  « moving back pain cognitive affective and sensorimotor influences and opportunities”,Ben Darlow  fait le constat que malheureusement beaucoup de professionnels sont au moins en partie responsables de représentations négatives (« le dos a besoin de protection », « le mal de dos a mauvais pronostic », « le dos est fragile », etc.). Il rappelle notre responsabilité, que l’utilisation de mots spécifiques peut augmenter les incapacités.

Il nous encourage à explorer les représentations des personnes, à partager leur histoire, valider leur expérience, construire une relation de confiance, pour co-construire une nouvelle histoire qui ait du sens(Toye et al. 2021 )

 

« you can’t change beliefs,
You can highlight another way
You can access information
Biological and biographic sens”

 

Au cours du même symposium Guillaume Christe rappelle le concept du cercle vicieux peur-évitement, et confirme l’augmentation de l’activité musculaire du tronc chez les personnes souffrant de douleurs lombaires persistantes, par rapport à une personne non-douloureuse lors de la flexion.

Ses études indiquent que l’éducation n’est pas suffisante pour changer complètement les représentations négatives mais aide quand même. Il partage à cette occasion une vidéo sur le site internet source d’informations pour les patients : https://www.infomaldedos.ch (on en profite pour faire un petit coucou à Eric Bouthier qui a un excellent site d’information sur le sujet en France : https://comprendresondos.fr )

 

Chi Ming, lors de la session recherche "patient centered care and behaviour approaches" où il présente son étude, confirme que le changement de comportement est possible, notamment grâce à l’éducation dès lors que l’on cible les comportements inadaptés. Cela comprend de l’éducation à l’imagerie, à l’évolution naturelle de la maladie et aux neurosciences de la douleur.


En suivant, Alica Emerson continue en ce sens avec le slogan

« I am in control, I am competent, I am support »
« my value, my goal, my choice"

En tant que kinésithérapeute, souvent nous ne pouvons pas identifier les structures en cause, mais nous pouvons identifier ce qui est important pour les personnes.

Elle aussi propose une question « quel est votre niveau de confiance ? » suivi de « donnez-moi une raison pourquoi ce n’est pas zéro ». Ceci permettant de faire ressortir les ressources disponibles pour le patient.

 


 

Dans le même symposium, il y a eu l’intervention très inspirante du Pr. Lisa Roberts. Elle a présenté une étude réalisé par le Dr Cowel Ian et coll, qui ont analysé 40 bilans initiaux et 38 suivis filmés (consultations en accès direct pour mal de dos). Ils se sont entourés d'un linguiste pour évaluer l’impact d’utiliser « un langage  minimum » (oui/non ; question en wh : what where, who, when, etc ) lors des consultations initiales. Les retranscriptions comprenaient aussi les gestes  et attitudes du physiothérapeute et du. de la patient.e. Lisa Roberts encourage les physiothérapeutes à tester ce "minimizing langage" pour laisser développer la parole du patient.

 

Pour poursuivre dans ce thème, il y a eu le Pr. O’Sullivan qui nous a présenté son étude impressionnante « RESTORE » , sur l’efficacité de la Cognitive Fonctional Therapy ». Lui aussi nous exhorte à explorer l’histoire des patients (cognitition, émotion, craintes, buts, valeurs, perceptions du corps, style de vie, entourage social) et à promouvoir un état d’esprit positif.

 


 

Dans cet objectif, il est aisé de prendre en photo régulièrement les progrès de votre patient, pour la flexion lombaire par exemple.

 

Plus d’info sur cette étude : https://www.restorebackpain.com

Ou en podcast / JOSPT Insight #163

 

Aurore et Sophie ont assisté à un workshop sur un cas complexe de douleurs cervicales chroniques avec étourdissements et maux de tête, présenté par Ducan Reid, Gwen Jull et Trudy Rebbek. Un format différent, une occasion de raisonner avec son.sa voisin.e, et pour nous une fois encore de nous dire que nous avons été extrêmement bien formées par nos ami.e.s cannadien.nes !

Gwen Jull rappelle qu’il existe des preuves que le physiothérapeute formé est capable d’identifier et localiser une articulation symptomatique. Cela demande des compétences pratiques (ex : lors d’une pression postéro-antérieure, il  ne faut pas pousser avec les doigts mais bien avec tout le corps, pour sentir davantage la mobilité et la sensation de fin de mouvement).

 

 

A, Grimaldi, A. Fearon, S. Woodley et H. French : Greater Trochanteric Pain Syndrom (GPTS).

Cette conference était une mise à jour de la conférence sur le même sujet qui avait eu lieu à Glasgow en 2016. Quelques highlights :

-              Il n’y a pas d’inflammation à l’insertion du moyen et petit fessier atteints de tendinopathie.

-              Il peut y avoir une distension de la bourse trochantérienne

-              Il y a surtout mise en évidence d’une atrophie associée à une inclusion graisseuse à l’IRM.


 

On voit d’ailleurs des changements similaires dans d’autres populations : arthrose, prothèse de hanche, vieillissement.

Aides au diagnostic :

-              Pas / peu de restriction de mouvement de la hanche à l’examen passif et actif (en DD et DV), mais il reste utile de noter la sensation de fin de mouvement, les symptômes ;

-              Single leg stand, observer l’efficacité des stabilisateurs de hanche avec potentiellement un drop du bassin ;

-              La palpation et la résistance négative diminuent de 59% le risque de GPTS ; A contrario, la palpation et la résistance qui provoquent les symptômes du/ de la patient.e augmentent de 59 à 96% les risque de GPTS.

-              30 secondes leg standing reproduit les symptômes.

-              Elles encouragent d’utiliser le VISA-G

 

En traitement :

-              Ne pas étirer

-              Exercices de recrutement du moyen et petit fessiers +++

-              Le tape peut aider

-              Ondes de chocs pour les cas récalcitrants et chirurgie en dernier recours.


 

 



 

 

La keynote du samedi matin était présentée par la brillante Annina Schmid : « entrapment neuropathies and neuropathic pain.

 

Pathomecanism :

-              Lors d’engourdissment, hypoesthésie : il y a généralement mise en évidence démyélinisation, ou dégénérescence axonale

-              Tandis que dans des symptômes de gains de fonction (allodynie), c’est une neuro-inflammation qui en est à l’origine.

Neuro-inflammation :

Une étude sur la maladie de Morton, a permis de montrer que plus il y avait de neuro-inflammation, plus les symptômes étaient développés.

Dans la douleur radiculaire, on localise aussi de la neuro-inflammation, qui augmente de 63% en moyenne le potentiel d’action dans le nerf. On observe une activation des macrophages dans le ganglion de la racine dorsale et dans la moelle épinière (dans les cas où le patient décrit une extension de sa douleur, « remote »).

La neuro-inflammation diminue drastiquement après la chirurgie

 

Elle nous a partagé ensuite la nouvelle vidéo qu’elle a réalisé en partenariat avec Fisiocamera , à destination des physios comme aide à la détermination d’une douleur neuropathique: https://www.youtube.com/watch?si=ZDwF2nHDQHxKX1pz&v=mVxA_8U4ekE&feature=youtu.be

 

Douleur neuropathique et wiplash ?

27% probable et 38% Possible (voir critères décrits dans la vidéo), avec des déficits neurologiques, pertes de fonctions, engourdissements, faiblesse, etc. On observe une augmentation des marqueurs de la dégénérescence axonale,  à 6 mois après le wiplash, avec une probable neuro-inflammation et des marqueurs (inflammatoire ?) dans le sang.

 

Concernant la gestion en rééducation :

La littérature est claire :

-              Peu de résultats de la pharmacologie

-              Peu de résultat en physiothérapie (en première intention).

Comment l’expliquer ?

Dans les études, A. Schmid affirme que 33% des personnes incluses dans les études n’ont pas de douleur neuropathique, il y a erreur  de diagnostic.

 

Mais la rééducation est primordiale malgré tout, même si elle ne donne évidemment pas de recette :

-              aérobie

-              exercices

-              mouvements neurodynmaiques en cas de perte et de gain de fonction.

 

è Tous les patient avec des douleurs neuropathiques ne sont pas positifs à la mécano-sensibilité.

è Elle termine avec une réflexion à propos de la classification de l’International Association for Study of Pain (IASP) qui sépare la nociception inflammatoire de la douleur neuropathique. L’orientation de ses études émet des doutes, et commencent à parler d’un continuum.

 

 

 

En vrac :

 


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